On essaye de penser à autre chose ? [libre]

"Foutu portable..." Maugréa t-elle.

Le voyage en voiture avait été assez calme. Jack n'était pas d'un naturel bavard et Dakota semblait faire la tête comme si ces vacances étaient d'affreuses corvées à supporter. Bref, l'ambiance était assez morose. En arrivant à destination, les deux Barstow furent assez étonné par la magnificence du navire. Jack prit les bagages dans le coffre pendant que Dakota s'occupait des petites affaires comme son sac-à-dos ou le sac de sport de son père. L'embarquement fut assez rapide et ils se dirigèrent vers leur cabine. La pièce n'était pas très grande, mais avait l'avantage d'avoir deux grands lits qui semblaient particulièrement confortable. Jack déposa sur chaque lit les valises de son futur locataire. D'instinct, le Marines prit le lit le plus proche de la porte de la cabine comme pour contrôler les vas et viens. Il prit à peine le temps de défaire sommairement ses affaires avant de quitter la cabine pour partir en reconnaissance laissant Dakota à ses occupations sur son ordinateur portable. Jack marcha pendant des heures dans les coursives du géant des mers avant de tomber sur le bar. Sans la moindre hésitation, il entra et commanda un whisky.

- Jack Barstow: Minutes gamin. Je ne veux pas de ta pisse de chat que tu sers habituellement aux gens. Je veux du vrai whisky, un Glen qui vient d'Écosse et qui a vieilli au moins 18 ans en fût de chênes.

Vous imaginez aisément la surprise du barman devant une telle répartie, mais que voulez-vous dire à un molosse qui ressemble plus à Tyson qu'à un petit rat de l'opéra de Paris. Rien et simplement faire ce qu'il vous demande. Après tout, il avait juste spécifié sa commande en montrant qu'il savait ce qu'il voulait. Il prit son temps pour déguster son verre et sans y réfléchir, il sortit un cigare qu'il alluma. Cependant, aussi impressionnant soit-il, le barman trouva le courage de lui faire remarquer qu'ils se trouvaient dans une salle non fumeur. Quelle poisse! Sans rien dire, Jack siffla son verre d'une traite et quitta la salle avec son cigare au bec. Se fiant à son excellent sens de l'orientation, il se dirigea sur le pont bâbord pour profiter de son cigare au plein air. Cigare aux lèvres, mains dans les poches de son jean, Jack marchait tranquillement vers la proue du navire. De là, il pensait pouvoir jouir d'un spectacle sympathique sans être emmerdé par les rabats joies du bord. En arrivant, il nota la présence de quelques personnes et tous semblaient chercher le calme et/ou la solitude afin de ... De quoi d'ailleurs ? Il en avait rien à faire des autres, il était là pour tenter de se retrouver avec sa fille et enfin la comprendre. Jack était un grand maladroit avec sa fille, il avait beau tout tenter pour lui faire plaisir dans la mesure du possible, il ratait toujours son effet et semblait s'attirer les foudres de la gamine. Il était un peu perdu dans ses pensées et ne faisait pas du tout attention aux gens qui se trouvaient à la proue avec lui. Certaine de ses personnes quittèrent l'endroit en pestant contre la forte odeur que dégageait le cigare du Marines, mais Jack ne les entendait pas ou ne prêtait pas attention à ce qu'ils pouvaient dire. Si cela les gênait, rien ne les retenait ici. Comme dit le proverbe, c'est le plus dérangé qui s'en va.

Lucy, qui pensait que rien n'avait le pouvoir de la déranger quand elle divaguait autant, fut bientôt surprise de revenir à la réalité, son nez lui faisant sentir une forte odeur venant de sa droite. Elle tourna instinctivement la tête vers l'auteur de cette odeur étrange qui se révéla être un cigare, coincé entre les lèvres pincés d'un homme qui avait l'air de se foutre royalement de savoir si il genait quelqu'un ou pas. La jeune femme, qui ne supportait pas les odeurs de fumée -être mannequin signifiait avoir des habitudes de vie très saines et la cigarette ou quoi que ce soit de ce genre était donc à virer sans ménagement- toussota légèrement, dévisageant l'inconnu sans aucune gêne avec ses yeux froids comme la glace, les sourcils légèrement froncés, pour montrer que la fumée du cigare qui lui arrivait directement en plein visage l'incommodait fortement et elle 'nétait pas la seule. Plusieurs perosnnes étaient parties, fixant d'un air réprobateur cet homme, qui ne se souciait apparemment que de lui. Mais Lucy ne préférait pas juger si rapidement et après s'être éclairci la gorge avec un "humhum" assez peu discret, elle s'accouda avec son bras gauche sur la barrière et se tourna complètement vers l'inconnu pour s'adresser à lui :

"Monsieur... Excusez-moi ?!"

Une brise vivifiante balayait le visage du Marines. Malgré le sens de marche du navire, un léger vent poussait la fumée en direction de la proue. Jack ne faisait vraiment pas attention aux gens autour de lui. Cependant, ça le faisait rire intérieurement d'entendre les gens pester contre lui et son cigare. Cette vision de la mer infinie et le fait d'être sur un gros navire, lui fit tout de suite penser à ses années de commando. Notamment à une mission en particulier, celle qui se déroula dans le golf d'Aden pour participer à la lutte contre les pirates somaliens. Il se souvient de cette mission et un large sourire s'afficha sur son visage. C'était vraiment un très bon souvenir et surtout une véritable promenade de santé. Il fut tiré de ses pensées par quelques bruits venant de sa gauche, il devait y avoir quelqu'un qui voulait se faire remarquer.. Il se fit même interpeler par une jeune femme en guise de confirmation à sa supposition. Il tourna légèrement sa tête afin de voir qui pouvait bien vouloir lui causer.

- Lucy McKessie: Monsieur... Excusez-moi ?!

Jack regarda la jeune femme, à vu de nez, elle devait avoir la vingtaine. Ouais, elle devait avoir 20-22 ans. Elle était blonde et avec des yeux bleux assez froid. Tout en elle était froid, même sa voix lisse et monocorde. Un bien beau brin de fille, dommage qu'elle soit si glaciale en apparence. Un instant, Jack pensa même à sa fille. Par certain côté cette gamine lui faisait penser à Dakota. Il se doutait de ce qu'elle allait dire, mais il ne voulait pas la priver de sa répartie. Puis peut-être qu'il se trompait et que la jeune femme n'était pas dérangée par son cigare dont les volutes de fumées vaporeuses volaient vers son fin visage.

- Jack Barstow: Pourquoi vous excuser ? Vous ne me gêner pas du tout.

Jack avait un petit air malicieux en disant cela avec un petit sourire en coin.

L'inconnu se tourna vers elle lorsqu'elle l'interpella. Il la dévisagea, ce qui n'arrêta pas la jeune femme, qui avait l'habitude qu'on la fixe de n'importe quelle façon que ce soit. La mannequin avait l'habitude d'être observée sous toutes les coutures, le métier exigeait que les regards ne gênent en rien et Lucy avait pris l'habitude que les regards des personnes qui la dévisageaient, avec n'importe quel air sur le visage, l'indiffèrent totalement. Aussi l'inconnu qui la fixait, laissait Lucy de marbre. Elle fut cependant surprise par ses paroles, mais une fois de plus, ne laissa rien paraitre. Mais la jeune femme n'était pas non plus du genre à ne rien répondre, elle n'avait pas une grande répartie, mais ne se laissait surement pas marcher sur les pieds. Le sourire en coin de l'homme arracha un maigre sourire à la jeune femme qui ne s'empêcha pas de penser qu'il était vraiment culotté.

"Oh, j'ai du mal m'exprimer... Soit reprenons. Monsieur... La fumée... Me dérange" dit-elle d'un ton distinct, appuyant particulièrement sur le "me".

La mer semblait infinie et tellement calme pour le moment. Plus un son de la civilisation n'arrivait jusqu'au paquebot, même pas un cri de mouette, ce qui signifiait que l'on commençait vraiment à se trouver à une distance respectable des côtes. Seul le bruit des vagues se fracassants sur la coque du bateau se faisant entendre maintenant. Un son apaisant et excitant à la fois, un son rappelant la détermination de la mer à dominer son élément. Oui, la nature prenait un malin plaisir à rappeler aux humains qu'ils n'étaient que des invités de passage à qui elle octroyait un droit de passage dans sa grande mansuétude. Parfois, Jack avait de drôles de pensés et même s'il restait concentré sur son début de conversation avec la froide beauté qui lui faisait face, il n'en avait pas moins l'esprit qui divaguait au gré de ses errements philosophiques. A sa réponse, le Marines pu distinguer qu'il avait réussi à arracher un léger sourire à la jolie blonde. Sans se démonter, elle lui rétorqua toujours sur un ton très calme et monocorde qu'elle avait du mal s'exprimer.

- Lucy McKessie: Oh, j'ai du mal m'exprimer... Soit reprenons. Monsieur... La fumée... Me dérange.

La jeune femme insista particulièrement sur le "me" pour bien faire comprendre son point de vue. Cela permit à notre cowboy de percevoir un léger accent, enfin grâce à cette phrase il put se rendre compte qu'elle n'était pas du Texas comme lui. Elle avait un accent qui pouvait paraître un peu aristocratique probablement une fille de la ville. Oui, de la ville et certainement d'une de ces grandes villes de l'Est comme New York ou Boston. Bref, elle n'était pas du même monde que lui. Sans rien dire il se redressa un peu. Maintenant il se tenait debout sans s'appuyer sur la rambarde de la proue. D'un simple geste il indiqua poliment à la jeune femme de prendre sa place. Pour être certain de bien se faire comprendre, il prit de nouveau la parole toujours sur un ton malicieux teinté de son fort accent texan.

- Jack barstow: Oh ! Je vois. Dans ce cas vous accepterez d'échanger de place avec moi, comme cela la fumée de mon cigare ne vous dérangera plus vu le sens du vent.

"Très bonne proposition Monsieur... ?"